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Critique de « Lady Killer » et « The Strange Mister Victor »

Feb 02, 2024Feb 02, 2024

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Deux films fraîchement restaurés du réalisateur Jean Grémillon, dont les cinéphiles parlent comme d'un secret particulier, retrouvent une seconde vie en salles.

Par Béatrice Loayza

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Comparée à d'autres poids lourds de l'âge d'or du cinéma français – pensez à Jean Renoir (« La règle du jeu ») ou à Marcel Carné (« Les Enfants du paradis ») — l'histoire n'a pas été tendre avec Jean Grémillon. C'est particulièrement le cas aux États-Unis, où le travail du réalisateur continue d'être discuté parmi les cinéphiles comme un secret particulier. C'est dommage. Ses films sont parmi les plus innovants et les plus expressifs d’une période qui s’étend approximativement du début des années 1930 aux années 50 – et à bien des égards, ils anticipent la rupture des règles de la Nouvelle Vague française.

Fraîchement restaurés en 4K, « Lady Killer » et « L'Étrange Monsieur Victor » sont essentiellement les films phares de Grémillon, à mi-chemin entre ses premiers documentaires et drames expérimentaux et ses plus grands succès (« Stormy Waters », « Lumière d'été »), qui qu'il a réalisé pendant l'occupation allemande de la France.

"Lady Killer" met en vedette le léonin Jean Gabin dans le rôle de Lucien, un légionnaire coureur de jupons. Suave et sexy dans son uniforme, Lucien attire le regard féminin comme des papillons de nuit vers la flamme. Entrez la femme fatale Madeleine (Mireille Balin), une belle mondaine liée à un riche bienfaiteur. Lucien tombe amoureux de Madeleine et accepte un emploi dans une imprimerie à Paris pour qu'ils puissent être ensemble. Viennent ensuite la trahison et le meurtre, bien que Grémillon complète le sombre fatalisme et l'intrigue noirâtre avec des éclats de mélodrame frémissant qui enrichissent et élargissent l'histoire au-delà de son cadre ostensible d'attraction fatale.

À ses débuts, Grémillon était un violoniste qui jouait avec un orchestre qui accompagnait des films muets. Il applique cette sensibilité musicale à sa construction du drame. Ses films oscillent entre de petits moments apparemment sans incident et d’autres qui frappent comme un gong qui résonne. Ce qui commence comme une relation placide entre Lucien et son doux ami médecin, René (Réne Lefèvre), évolue sur un terrain nouveau et dévastateur. Leur lien est couronné par une scène étonnamment intime de camaraderie masculine qui ressemble à un rêve fiévreux.

Travaillant dans la tradition du réalisme poétique, Grémillon entremêle des visions de type documentaire des milieux populaires avec des intermèdes stylisés de tension psychologique. "L'Étrange Monsieur Victor" commence comme un drame panoramique sur les habitants socialement divers de Toulon, dans le sud de la France, et révèle finalement une crise éthique autour de l'enchevêtrement de deux hommes. Victor Agardanne (Raimu) est un homme d'affaires honnête avec femme et enfant, bien qu'il fréquente secrètement une bande d'escrocs. Lorsqu'il tue l'un d'eux pour avoir menacé de le faire chanter, il utilise comme arme du crime un outil appartenant à son cordonnier, Bastien (Pierre Blanchar), ce qui conduit à l'arrestation de cet homme. Lorsque Bastien échappe à l'emprisonnement, le coupable Victor fait tout son possible pour héberger le fugitif sans méfiance.

Il y a peut-être plus à mâcher dans « Mister Victor », soutenu par une performance experte de Raimu qui est à cheval entre une véritable anxiété morale et un désespoir égoïste. Pourtant, une scène particulière de « Lady Killer » continue de vivre dans ma tête sans loyer.

Au milieu du film, un miroir capte Lucien alors qu'il aperçoit Madeleine de loin puis recule dans l'ombre lorsqu'elle croise son regard. Les intrigues des films de Grémillon sont charnues et sociologiquement approfondies, mais ce qui le distingue des réalisateurs de son temps – pour la plupart des artistes narratifs issus du théâtre – ce sont des moments comme ceux-ci : brefs, muets, mais palpitants d'émotion. désir et désespoir.

Tueur de femmes Non classé. En français, sous-titré. Durée : 1 heure 34 minutes. Dans les théâtres.

L'étrange Monsieur Victor